Posté le 15 juillet 2021, mis à jour le 10 novembre 2023
Les azurés de la sanguisorbe et des paluds avec le projet INTERREG « Espèces Animales en Danger »
Un projet franco-allemand pour la sauvegarde des azurés de la sanguisorbe et des paluds dans la zone de la Réserve de biosphère transfrontière des Vosges du Nord-Pfälzerwald.
Depuis juillet 2020, le projet « Espèces animales en danger » approuvé par le programme européen Interreg Rhin Supérieur et porté par le Parc naturel régional des Vosges du Nord, œuvre pour la sauvegarde de trois groupes d’espèces :
(1) deux espèces de papillons, l’Azuré de la Sanguisorbe et l’Azuré des paluds,
(2) chauves-souris anthropophiles – qui utilisent les bâtiments comme gîtes – et plus particulièrement le Grand Murin,
(3) ainsi que l’Ecrevisses des torrents.
Zoom sur les Azurés de la Sanguisorbe et des paluds,
Ces jolis papillons bleutés ont besoin d’une plante hôte et d’une fourmi pour réaliser leur cycle biologique. Une vie INCROYABLE !
Les papillons volent entre début juillet et début août. Ils ont 5 jours pour se reproduire avant de mourir. Les femelles pondent 1 à 3 œufs sur les inflorescences de grande pimprenelle, aussi appelée grande sanguisorbe ou sanguisorbe officinale (Sanguisorba officinalis), plante caractéristique des prairies humides. Si ces dernières sont fauchées trop tôt ou trop tard, la floraison n’est pas synchronisée avec le vol des papillons. Si les prairies sont trop fertilisées, la grande sanguisorbe disparaît…
4 à 5 jours plus tard, les œufs éclosent. La chenille passe alors de 2 à 4 semaines dans l’inflorescence de la sanguisorbe où elle se nourrit des fleurs et poursuit son développement. Puis, cette demoiselle se laisse tomber au sol en vue de son adoption par des fourmis du genre Myrmica, dont les ouvrières sont de couleur rouge. Sa survie dépend donc de la date de la seconde fauche – trop tôt la chenille est condamnée – et de sa découverte par la bonne espèce de fourmi – sinon elle se fait dévorer… Les dangers sont nombreux !
Les chenilles doivent leur adoption par les Myrmicas à la production d’une sécrétion abdominale attractive, sucrée et riche en acides aminés. Elles sont conduites dans la fourmilière où elles passent l’hiver et le printemps suivant à se nourrir du couvain (larves de fourmis). En début d’été, la larve gagne le haut de la fourmilière pour se nymphoser. Une fois sortis de la chrysalide, les azurés ne produisent plus cette sécrétion protectrice, il faut gagner la sortie au plus vite pour éviter la mort… et rencontrer son âme sœur ainsi que la sanguisorbe en fleur !
Cette vie complexe et trépidante, dépendante de l’équilibre entre les activités humaines et les facteurs environnementaux font de l’azuré de la sanguisorbe et de l’azuré des paluds des espèces vulnérables à quasi-menacées tant du côté allemand que français. Pour contrecarrer la dynamique actuelle, et sauver ces populations relictuelles, des actions de maîtrise foncière et de restauration d’habitats prairiaux favorables vont être menées pendant 3 années. Le projet INTERREG « Espèces animales en danger dans la Réserve de biosphère transfrontière (RBT) Pfälzerwald – Vosges du Nord » a pour but de préserver et renforcer les populations d’azurés des paluds et de la sanguisorbe.
Actions débutées en 2020 :
En 2020, le rôle du Conservatoire d’espaces naturels d’Alsace et du GNOR (Gesellschaft für Naturschutz und Ornithologie Rheinland-Pfalz), partenaires du projet « Espèces Animales en Danger » respectivement côté français et côté allemand, est d’actualiser les connaissances en faisant une cartographie des zones de présence des papillons et de leur plante hôte. L’azuré de la sanguisorbe n’a pas été retrouvé, mais plusieurs populations d’azurés des paluds ont été confirmées et découvertes. Dans les Vosges du Nord, les effectifs se concentrent dans le haut bassin de la Sauer : Wingen, Lembach, Langensoultzbach, et Goersdorf. Une population se maintient également à Weiler, près de la Lauter. En 2021, une analyse détaillée de la situation foncière des sites d’intérêt a été menée dans les Vosges du Nord et le sera prochainement dans le Pfälzerwald. Des réunions de concertation et des visites de terrain ont été organisées avec les élus locaux. Suivront des rencontres avec les agriculteurs et les propriétaires. L’objectif est d’acquérir et/ou de contractualiser près de 12 hectares de prairies de part et d’autre de la frontière et de mettre en place une gestion agricole adaptée au cycle de vie des azurés. A noter que l’écologie de ces papillons n’implique pas des modalités de gestion trop contraignante : fauche avant le 15 – 20 juin, puis après le 1er septembre, fertilisation mesurée et limitée à 40 unités d’azote / ha, absence d’épandage de lisier.
En 2022, des projets scolaires seront menés dans les communes ayant la chance d’accueillir les azurés. Ils seront accompagnés d’évènements ludiques à destination des habitants, en lien avec les exploitants agricoles. Des plans de gestion seront rédigés sur les sites préservés.
Des échanges réguliers entre les partenaires allemands et français, des protocoles communs assurent une cohérence d’intervention.
La mobilisation de tous est nécessaire pour assurer la préservation sur le long terme de ces espèces emblématiques de complexes prairiaux fonctionnels de la Réserve de biosphère Vosges du Nord – Pfälzerlwald. Il s’agit de sauvegarder un patrimoine naturel unique, au même titre que notre patrimoine bâti ou culturel.
Une dernière chance pour sauver des papillons menacés, à la vie incroyable, qui ont traversé les époques, témoignent de co-évolutions extraordinaires et soulignent qu’un équilibre homme-nature n’est pas une utopie !
« Espèces animales en danger » au sein de la Réserve de biosphère transfrontière
Le projet « Espèces animales en danger au sein de la Réserve de biosphère transfrontière (RBT) Vosges du Nord – […]