Posté le 3 novembre 2021, mis à jour le 22 février 2022
Un observatoire des rivières pour une politique locale plus éclairée
Serge Weil est Vice-président du pôle Nature et Agriculture du Parc Naturel Régional des Vosges du Nord, et maire de Baerenthal
- Quelles sont vos responsabilités et missions au sein du Parc ? Dans quel contexte avez-vous assisté à la création de l’observatoire de la qualité des cours d’eau ?
Les missions associées à ce poste sont étroitement liées à la protection de la nature, de la biodiversité et de la forêt, dans le respect de la charte du Parc naturel régional. Évidemment cette fonction tient un rôle important pour tout ce qui concerne les rivières et les cours d’eau, qui sont particulièrement nombreux dans les Vosges du Nord.
À l‘époque de la création de l’observatoire, je n’étais pas encore vice-président, j’étais maire de ma commune, et à ce titre j’étais concerné par des travaux de restauration écologique dans le cadre de la politique NATURA 2000. Et j’ai donc participé aux réunions qui se tenaient sur le territoire à ce moment-là.
- Qu’est-ce que la création de cet observatoire a eu comme conséquences pour les élus ?
Premièrement, ça nous a permis d’avoir une photographie assez complète et précise sur la qualité de l’eau, chose qu’on avait pas de manière synthétique. J’ai souvenir de cette réunion de clôture en octobre 2019, qui réunissait des personnes intéressées par le sujet, durant laquelle on a tous été particulièrement étonnés. D’abord par la qualité de l’étude, et ensuite par ses résultats, qui nous permettaient de comprendre les enjeux de la suppression de certains étangs, avec une grande différence de température entre l’amont et l’aval d’un cours d’eau.
Ensuite, quand on parle de la qualité de l’eau, on parle aussi de l’implication de tous les utilisateurs : des protecteurs de la nature, des pêcheurs et des usagers pour les loisirs, qui ont un impact touristique non négligeable, des activités agricoles, et des systèmes d’assainissements, qui tiennent un rôle important dans le cycle de l’eau au sens large du terme. Ça nous a permis d’avoir une idée assez précise de ce qu’on peut se permettre de demander à ces usagers de tous les jours.
Aussi, s’il y a des travaux sur les cours d’eau, les communes sont souvent confrontées à des coûts relativement importants. Cet observatoire nous permet de faire appel à des subventions, en montant des dossiers qui soient appuyés par des données scientifiques importantes et par des informations précises sur la manière dont pourrait être géré le projet.
- Cet observatoire a-t-il permis, comme pour les demandes de subventions, de faire comprendre aux habitants l’importance des travaux de restauration ?
Pour la population, les mesures n’étaient pas et ne sont toujours pas totalement bien comprises : on expliquait il y a quelques années que les étangs étaient importants pour la protection de la biodiversité, et pour des questions agricoles et piscicoles, et puis du jour au lendemain on prône la suppression des étangs. Il faut maintenant expliquer aux habitants que chaque étang est différent, qu’il y a des étangs qui ne sont pas en règle, que certains doivent être supprimés, car mal entretenus, ne permettant pas une bonne continuité écologique… C’est toute la nécessité d’avoir un point de vue scientifique qu’il faut ensuite restituer à des personnes qui ont une approche beaucoup plus directe des étangs.