Posté le 11 juin 2020

Sur la piste du Castor, à la recherche d’indices !

Le Castor (Castor fiber) est en expansion dans les Vosges du Nord. Le plus gros rongeur d’Europe pèse entre 12 et 35 kg et mesure 90 à 120 cm de la tête au bout de la queue, difficile de le confondre ! En plus, il laisse des indices de présence faciles à repérer pour suivre l’extension de son territoire.

Quasiment disparu de la Région Grand Est au XVIIème siècle, le Castor d’Europe a bénéficié, à partir des années 80, de programmes de réintroduction. Ce fut également le cas dans les pays limitrophes. Dans le Parc naturel régional des Vosges du Nord, les premiers indices de présence ont pu être observés sur la rivière de la Horn dès 2010, mais l’installation de l’espèce n’a été confirmée qu’en 2013. Les individus présents sont très probablement issus des lâchés qui ont eu lieu côté allemand sur la rivière de la Blies, reliée à la Horn, via le Schwarzbach, à partir de 1998 ou plus vraisemblablement des lâchers qui ont eu lieu un peu plus tard à Hornbach.

Malgré sa taille imposante, c’est un animal discret, que l’on aperçoit que rarement, notamment à cause de ses mœurs nocturnes. Sa queue plate qui le caractérise, lui assure diverses fonctions : propulseur et gouvernail lors de ses déplacements aquatiques, réserve de graisse pour l’hiver, elle sert aussi à avertir ses congénères d’un danger lorsqu’il la claque à la surface de l’eau.

Son régime alimentaire et son mode de vie laissent toutefois des marques caractéristiques sur les bords des rivières qui permettent de savoir qu’il est présent. Le relevé GPS de ces indices est fait selon un protocole piloté par l’Office français de la biodiversité (OFB) en lien avec diverses associations de la nature, spécialistes des mammifères dans le Grand Est : le GEPMA, le GEML et l’association ReNArd. Il permet de connaître la répartition de l’espèce sur le territoire et de suivre son évolution. Les derniers relevés de terrain effectués par le Parc naturel régional des Vosges du Nord ont permis de prospecter un peu plus de 25 km de rivière : la Horn entre les communes de Rolbing et de Bitche, ainsi que son affluent, le Schwarzbach jusqu’à Haspelschiedt. Les indices récoltés étaient principalement des gîtes et des coupes.

Pour ce qui est des gîtes, le castor construit des terriers qui restent souvent inaperçus jusqu’à ce qu’ils s’effondrent. Il peut alors soit l’abandonner soit les consolider à l’aide de branches, on parlera alors de terrier hutte. A force d’ajouter du bois, certains se transforment en hutte : un gros amas de branches à l’intérieur duquel l’animal aménage son gîte. Il arrive que le castor construise directement sa hutte à même le sol. S’il est très facile d’identifier des huttes, il est plus rare de trouver les terriers mieux dissimulés.

Le régime alimentaire du castor se compose de plantes herbacées, de feuilles et d’écorce. Durant la belle saison, lorsque la matière végétale fraîche est abondante et luxuriante, très peu de chantiers de coupe sont observés. Par contre, l’hiver venu, l’animal est contraint de manger ce qu’il reste de disponible : l’écorce des arbres. C’est une des raisons pour lesquelles il abat des arbres, pour pouvoir accéder à leur écorce. Il est capable de s’attaquer à diverses essences, mais on note une nette préférence pour les bois tendres comme les saules. Ces coupes sont très facilement observables notamment à la fin du printemps, on peut alors observer des coupes en sifflet, des coupes en K (=coupe en sifflet inachevée), des coupes en crayon et des coupes en sablier (=coupe en crayon inachevée). Le castor écorce les troncs sur place et stocke les branches en réserve au fond de l’eau, ce sont les garde-mangers. Avant de les consommer, il les apporte sur un réfectoire, généralement une petite plage où il peut rapidement rejoindre le cours d’eau en cas de danger. On peut alors y observer tout un tas de petites branches écorcées. Selon la largeur des empreintes des dents ont peu même savoir s’il y a eu des jeunes nés le printemps précédent.

Ces coupes peuvent également être réalisées dans le but d’accéder au bois nécessaire à la réalisation d’aménagement comme les huttes ou les barrages. Si les écorçages peuvent être des débuts de coupe, ils sont souvent de simple marquage de territoire. Autre moyen pour marquer son territoire : les buttes à castoreum. Il s’agit de petits monticules de terre ou de sable sur lesquels il frotte ses glandes anales qui produisent une substance huileuse, le castoreum, à l’odeur de goudron bien spécifique. L’animal est beaucoup moins à l’aise dans ses déplacements sur terre que dans l’eau. C’est pourquoi, même si le Castor d’Europe n’est pas aussi bâtisseur que son cousin le Castor d’Amérique, il reste un véritable architecte du paysage et aménage le milieu à son avantage. Diverses études montrent que ces aménagements peuvent également servir à tout un panel d’autres espèces, c’est pourquoi on qualifie le castor d’espèce parapluie. Il construit ainsi des barrages pour étendre son territoire et accéder à de nouvelles sources de nourriture ou pour garantir la sécurité de son gîte en maintenant son entrée sous le niveau d’eau. Il construit également des canaux pour relier deux points d’eau et pouvoir se déplacer de l’un à l’autre en toute sécurité.

Il existe également d’autres signes de présence comme les montées sur berge appelées aussi parfois toboggan ; des empreintes, lorsque le sol s’y prête ; des baguettes flottantes ; des crottes. Lors de ces prospections, seuls les plus chanceux ont parfois la chance de l’apercevoir.

Les dernières prospections ont ainsi permis de trouver l’ensemble de ces indices de présence à l’exclusion de la visualisation directe de l’individu, sur la rivière de la Horn de la zone humide en aval de Bitche jusqu’à Rolbing, mais également le long du Schwarzbach jusqu’à Haspelchiedt. Quelques indices dispersés ont également été observé sur la partie Nord de la Schwalb.

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