Posté le 3 novembre 2021
L’écrevisse à pattes rouges, crustacé menacé
« Depuis que je suis petit, les étangs sont des lieux singuliers pour moi, qui m’attirent et qui ne m’ont jamais quittés » se remémore Sylvain Senger, astaciculteur. Gestionnaire de trois étangs, il élève des écrevisses à pattes rouges. « J’essaye d’offrir un sanctuaire à ces animaux. » Mais en France, les menaces qui pèsent sur ces crustacés lui compliquent grandement la tâche. Les populations invasives présentes dans le pays sont autant de concurrentes pour les ressources, et l’une d’entre elles, originaire des États-Unis, est particulièrement problématique : l’écrevisse américaine, Faxonius limosus. « Les espèces locales sont beaucoup moins virulentes, moins voraces et beaucoup plus sensibles à la pollution ou au réchauffement de l’eau que les écrevisses introduites. » Cette grande adaptabilité fait la force de l’écrevisse américaine, mais elle n’est pas qu’une redoutable concurrente. Lors de sa première introduction en France en 1890, est arrivé avec elle un mal tout aussi dur à combattre : la peste de l’écrevisse. « Quand ce champignon est relâché dans l’eau, la population d’écrevisse locale n’étant pas du tout immunisée, elle est très rapidement décimée. » L’écrevisse exotique n’est que porteuse saine de cette maladie, et si la propagation de ces individus n’est pas contrôlable, celle du champignon l’est encore moins : « on ne peut pas contrôler un oiseau qui passe d’une vallée à l’autre en laissant tomber une écrevisse porteuse de la maladie dans un bassin ou une rivière. » Dans le cadre du plan de réintroduction de l’écrevisse des torrents, la recherche du pathogène dans les populations d’écrevisse américaine devrait permettre de mieux comprendre sa dynamique sur le territoire. « Il faut avoir une approche globale et travailler sur la capacité des milieux à accueillir ces espèces. » conclut Sylvain Senger.