Posté le 3 novembre 2021, mis à jour le 2 novembre 2023
Écrevisse des torrents, espèce en voie de réintroduction
Leur carapace rigide cache leur grande vulnérabilité aux yeux du promeneur, pourtant de toutes les espèces d’écrevisses qui logent dans le parc, pas une n’échappe aux pressions modernes qui pèsent sur leur habitat. Mais une lutte s’est engagée pour la réintroduction de la plus emblématique d’entre elles : l’écrevisse des torrents.
Terrés au fond de l’eau froide, des animaux à la cuirasse solide trouvent refuge dans les recoins les plus sombres des rivières et étangs du parc. Écrevisses à pattes rouges, écrevisses à pattes blanches, écrevisses des torrents : ces espèces d’eau douce sont les seules à ne pas avoir été introduites artificiellement en France. De ces trois crustacés, l’écrevisse des torrents est la plus vulnérable, en danger critique d’extinction sur le territoire. Habitante de l’amont des cours d’eau à fort courant, elle est très sensible aux pollutions et aux changements de température. Dès sa description en 1858, son histoire se lie à celle des cours d’eau Vosgiens. Alors qu’elle disparaît des sources historiques à partir des années 30, elle est de nouveau identifiée en Moselle en 1990. Depuis, sa préservation porte un enjeux aussi bien patrimonial que biologique. Sa présence, unique en France, fait du parc le seul territoire français regroupant les trois écrevisses autochtones.
L’enfant du pays menacée d’en disparaître
Au regard de l’extrême vulnérabilité de l’animal, le parc et ses partenaires décident en 2017 de mettre sur pied un ambitieux plan de réintroduction. Après trois années de tests, d’élevages en aquarium et de translocations d’adultes géniteurs dans les milieux préservés, les premiers résultats sont encourageants. Mais si les espèces ne connaissent pas de frontières, les scientifiques doivent s’en défaire pour une action efficace. Ainsi, depuis 2019, les actions se poursuivent dans le cadre du programme Interreg Espèces en danger.
En septembre 2020, de nombreux gîtes de formes diverses, adaptées aux différents stades de croissance de l’écrevisse, ont été posés le long de trois ruisseaux Vosgiens où des individus ont été réintroduits. Ces petits abris permettent d’assurer le suivi des populations tout au long du programme.
Pour ces animaux sensibles, trouver de nouveaux sites hospitaliers dans le parc n’est pas simple, et la recherche a commencé dès l’initiation du programme. La présence d’autres écrevisses invasives, l’assèchement régulier d’un cours d’eau, ou le substrat acide qu’offrent les grès de nombreux ruisseaux Vosgiens sont autant de conditions qui éliminent la majorité des sites du parc. Malgré ces difficultés, deux sont actuellement à l’étude pour accueillir les nouveaux individus. Avant et après le relâché, les sites subissent toute une série de tests hydrobiologiques et physico-chimiques pour s’assurer des bonnes conditions de ces nouveaux milieux. Il y a quelques jours, les juvéniles issus d’élevages en aquariums ont été relâchés dans ces ruisseaux qui qui se tenaient prêts à les recevoir.
« Espèces animales en danger » au sein de la Réserve de biosphère transfrontière
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