Posté le 6 août 2021, mis à jour le 10 novembre 2023

Les chauves-souris anthropophiles : le Grand Murin

Un projet franco-allemand pour la sauvegarde des chauves-souris anthropophiles, et plus particulièrement le Grand Murin, dans la zone de la Réserve de biosphère transfrontière Vosges du Nord-Pfälzerwald.

Depuis juillet 2020, le projet « Espèces animales en danger » approuvé par le programme européen Interreg Rhin Supérieur et porté par le Parc Naturel Régional des Vosges du Nord, œuvre pour la sauvegarde de trois groupes d’espèces : papillons azurés, chauves-souris anthropophiles, c’est-à-dire qui vivent auprès de l’homme, et dont le Grand Murin fait partie, ainsi que les écrevisses des torrents.

Zoom sur le Grand Murin

Il s’agit de l’une des plus grandes chauves-souris d’Europe. L’adulte a un dos de couleur gris brun, et a le ventre blanchâtre. Son museau et ses oreilles sont bruns, nuancés de rose. En Alsace, le Grand Murin est commun dans le massif vosgien, le piémont, l’Alsace bossue, le Jura Alsacien. Les accouplements ont généralement lieu en automne, la mise-bas en juin, et les premiers envols ont lieu un mois plus tard. Les colonies de reproduction sont souvent observées dans des combles d’église ou de vielles maisons, de préférence à proximité d’une zone forestière. Ces gîtes regroupent habituellement quelques dizaines de femelles, rarement plusieurs centaines (jusqu’à 1000 femelles). Parfois, plusieurs espèces y cohabitent. Chaque femelle met au monde un seul jeune, et plus rarement deux. La longévité maximale connue pour le Grand Murin est de vingt ans, mais l’espérance de vie est inférieure dans des conditions naturelles.

L’une des plus importantes colonies alsaciennes se trouve sur le territoire du Parc naturel régional des Vosges du Nord, dans l’église de Niedersteinbach. Les combles de l’église accueillent jusqu’à 1000 femelles, qui s’y retrouvent chaque année entre mars et septembre, pour mettre bas et y élever leur unique petit. Vous pouvez suivre leur quotidien via un système de vidéosurveillance (actuellement en maintenance).

Alimentation : une chasse nocturne aux insectes

Le Grand murin se nourrit exclusivement d’insectes, et il aime particulièrement les coléoptères (carabes, scarabées, etc …), des orthoptères (grillons, sauterelles, criquets), des diptères (tipules « cousin »), des dermaptères (forficules « perce-oreilles »), etc… La part importante d’insectes non ou peu volants indique que le Grand murin chasse souvent ses proies au sol. Au cours de ce type de chasse nocturne, le Grand Murin identifie ses proies grâce à l’écholocation dont il se sert aussi pour se repérer et éviter les obstacles. Ces chauves-souris émettent des ondes sonores à hautes fréquences très rapides et directionnelles qui vont rebondir sur les objets environnants et revenir sous forme d’échos à leurs oreilles. Les chauves-souris se construisent ainsi une image sonore très précise de leur environnement au point de pouvoir attraper un moustique en plein vol ! Durant une seule nuit, un Grand Murin consomme environ 10 à 15 g d’insectes, correspondant à environ 30-40 carabidés (coléoptères terrestres). Ainsi, il a été estimé qu’une colonie de 500 grands murins consomme au cours d’une saison d’activité près d’une tonne d’insectes !

Actions de protection et de sensibilisation

Dans le cadre du projet INTERREG « Espèces Animales en Danger », et pour le volet chauves-souris, le rôle du Parc naturel régional des Vosges du Nord et du NABU (Naturschutzbund Rheinland-Pfalz) est de préserver les populations de Grand Murin et d’autres chauves-souris anthropophiles (Murin à oreilles échancrées, Sérotine commune, Oreillard gris, Pipistrelle commune, etc…).

Ce projet a pour principal objectif de constituer un réseau de bâtiments publics accueillants pour ces espèces de chauves-souris.

Afin de mener à bien ce projet, il est prévu de :

  • Expertiser les édifices cultuels et publics les plus adaptés et aménager les plus intéressants pour optimiser l’accueil des chauves-souris
  • Sensibiliser les propriétaires des bâtiments constituant les principaux gîtes de mise bas en vue d’assurer leur préservation sur le long terme
  • Améliorer la protection de ces gîtes dans le cadre de l’opération « Refuge pour les chauves-souris »
  • Sensibiliser le public

Dans le cadre de la coopération transfrontalière, le PNR des Vosges du Nord et le NABU ont rédigé une stratégie d’aménagements des bâtiments et un protocole communs bilingues avant de réaliser l’expertise des bâtiments à aménager et à conventionner. Côté allemand, un réseau de bénévoles est en cours de formation pour établir l’inventaire des bâtiments favorables aux chauves-souris. Ce même travail d’inventaire avait déjà été réalisé en 2015 du côté français.

En 2021, les actions consistent à réaliser l’expertise d’une soixantaine de bâtiments de part et d’autre de la frontière et d’identifier des gîtes actuels de mise bas et des sites susceptibles d’accueillir une colonie de reproduction. Des actions de sensibilisation seront menées auprès des propriétaires et des gestionnaires des bâtiments jugés prioritaires et du personnel communal.

Des projets scolaires et des animations à destinations du grand public seront menés pour sensibiliser la population locale.

La mobilisation de tous est nécessaire pour assurer la préservation sur le long terme de ces chauves-souris anthropophiles présentes dans la Réserve de biosphère transfrontière Vosges du Nord-Pfälzerwald. Les actions de sensibilisation réalisées dans le cadre de ce projet INTERREG permettront aux habitants des communes de ce territoire de mieux appréhender et accueillir ces chauves-souris, si elles décident de s’installer chez eux.

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« Espèces animales en danger » au sein de la Réserve de biosphère transfrontière

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Contacts

Loïc DUCHAMP – Conservateur de la réserve naturelle nationale des rochers et tourbières du Pays de Bitche

Sébastien MORELLE – Chargé de mission protection de la nature

La charte

Charte du Parc 2013-2025 :

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